mariebrunelm's reviews
441 reviews

Ne plus tomber (en amour) by Majé

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informative reflective fast-paced
Dans cet essai autobiographique, l’autrice explique comment elle en est venue à renoncer à l'idée d’Amour avec un A majuscule. Celui des contes de fées, des “pour toujours” et des “ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants”. Elle commence par disséquer la notion, en cherchant ce qui motive les gens à le rechercher. Cela passe bien sûr par la distinction entre désir sexuel et amour romantique. Cependant, Majé ne mentionne jamais l’aromantisme ni l’asexualité (le mot “asexuelle” apparaît une fois, pour désigner une phase dans la vie de l’autrice). Je trouve que ce sont des concepts qui auraient eu leur place ici. L'autrice explore le spectre des relations humaines, et la manière dont on peut les concevoir sans leur attacher le poids de l’engagement. Si j'ai trouvé la réflexion intéressante, je ne suis pas entièrement convaincue par ce que Majé présente comme une décision rationnelle, celle de ne plus tomber amoureuse. Certes, le sentiment m’est inconnu, mais je ne pense pas que les personnes qui le ressentent puissent décider du jour au lendemain de se couper de cette part d’elleux-mêmes.
Cet essai a cependant le grand intérêt de proposer une introduction à de nombreux concepts spécifiques à la communauté queer, et notamment polyamoureuse, comme la compersion. Je trouve que c'est un excellent point de départ, qui invite à explorer la bibliographie fournie en fin d'ouvrage et à en discuter autour de soi.

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Les damnés de la terre by Frantz Fanon

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challenging dark reflective medium-paced
Cet essai sur la décolonisation est publié en 1961, en pleine guerre d’Algérie. Le contexte est important car Fanon, né en Martinique, a travaillé comme psychiatre pendant les années 1950 en Algérie, et y a constaté les ravages du colonialisme sur les corps et les esprits. Son livre articule ainsi plusieurs notions traitées dans des chapitres distincts mais évidemment liées entre elles de manière profonde. Il commence par un chapitre sur la violence coloniale, ses racines et ramifications, ainsi que ses multiples conséquences et les clichés qui lui sont associés. Il traite de violence physique mais aussi institutionnelle, et du fait que les colonisés sont réduits à y répondre par leur propre forme de violence.
Fanon explore par la suite la notion de conscience nationale, notamment à travers la place fondamentale de la population dans son ensemble, et pas seulement celle des élites. Il récuse l’idée selon laquelle les masses sont forcément stupides et doivent être traitées comme des enfants. Le chapitre suivant est consacré à la culture et à l’émergence d’une culture nationale qui ne doit pas simplement reprendre les codes de la culture du pays colonisateur (c’est-à-dire européen) mais doit célébrer les particularités très spécifiques du pays dans toute sa diversité.
Le dernier chapitre, découlant directement de la profession de Fanon, dresse une liste des conséquences tragiques de la colonisation sur la santé mentale des colonisés : il y est question de troubles psychiatriques à travers des exemples tirés directement des rapports de Fanon, qui rejette d’avance les critiques qui pourraient lui être adressées d’avoir présenté au grand jour des cas relevant du secret médical, d’une part en anonymisant strictement les patients, et d’autre part en expliquant que l’essentiel de ses patients sont des victimes du colonialisme, et que leurs cas doivent figurer dans l’exposé des horreurs induites par les colons.
L’essentiel de cet essai est assez accessible. Des particularités de langage peuvent bien sûr heurter les sensibilités modernes, car Fanon emploie des termes jugés racistes mais qui étaient monnaie courante à l’époque. L’auteur entame son discours comme s’il décrivait les mécanismes universels de la colonisation et de la résistance des colonisés, mais il apparaît rapidement qu’il parle spécifiquement de l’Algérie, dont il a vécu la réalité lors de l’élaboration de ce texte. Et si vous n’étiez pas déjà informé.e des abominations que la France y a perpétrées, et bien je vous recommande de vous renseigner au plus vite. La France n’a pas à faire la morale à d’autres pays colonisateurs lorsqu’elle pratiquait elle-même les sévices inhumains qu’elle reproche à demi-mots aux autres.
C’est grâce à R.F. Kuang et Babel que j’ai découvert ce livre, car elle le recommande dans sa bibliographie de l’édition Waterstones. On voit sans mal ce qui lie les ouvrages, tant la violence coloniale en est la colonne vertébrale. C’est un ouvrage que je recommande, pas seulement pour le Black History Month, mais si vous avez besoin d’un autre incitatif en plus de la recommandation de R.F. Kuang, le voilà.
 Enfin, l’exploration des mécanismes de la tyrannie coloniale permet des parallèles affligeants et nombreux avec des situations très actuelles, ce qui est une raison de plus de lire ce livre. 

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An Education in Malice by S.T. Gibson

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dark mysterious tense fast-paced
  • Plot- or character-driven? A mix
  • Strong character development? Yes
  • Loveable characters? Yes
  • Diverse cast of characters? No
  • Flaws of characters a main focus? Yes

4.5

ARC provided by the editor via NetGalley.
It is Laura’s first year at Saint Perpetua's College, and she has been admitted to the very closed circle of Ms De Lafontaine’s poetry class. There, in addition to the heady blend of poetry she has to absorb and create, she faces the immediate hatred of one student, Carmilla, the teacher’s favourite. A web of secrets links the prodigy student and the professor, one that hints at something not entirely proper. Soon, Laura finds herself drawn into the tight circle of their relationship.
This dark academia novel / romance had all the vibes. It felt gothic, rather sexy, dangerous and morally very gray. The relationship dynamics were probably the highlight of this book as it explored the trope of rivals to lovers as well as power abuse in academic settings. I felt these were well executed, introducing a lot of tension from the former and a lot of “ugh please no” from the latter. I was thoroughly enjoying myself and couldn’t put the book down. When I did, however, I felt a little frustrated. I think I wanted a little more from it, especially because of the novella S.T. Gibson drew from — Carmilla. That being said, the original piece is very short and suggests more than it takes a deep dive into its themes, so maybe that’s fair for An Education in Malice to do a similar job. The fact that I wanted more from it probably stems from the fact that I was really enjoying myself, and that’s a good thing.
Rep : bisexual MC, lesbian mid-size MC.
Summary of the CW listed at the beginning of the book: power abuse, inappropriate relationships, toxic academic environment, blood, gore, murder, consensual sexual content (very spicy), alcohol and drug use, smoking.
 

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Record of a Spaceborn Few by Becky Chambers

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emotional funny hopeful inspiring lighthearted reflective medium-paced
  • Plot- or character-driven? Character
  • Strong character development? Yes
  • Loveable characters? Yes
  • Diverse cast of characters? Yes
  • Flaws of characters a main focus? Yes

5.0

A scattering of humans in a city-like spaceship confront life, death and everything in between.
I can't find a way to write a blurb for this novel because it’s a slice of life, as simple and as complicated as that. We follow a handful of characters, each one a thread in the vibrant tapestry of the Fleet. Their journeys have ups and downs, but not the traditional three-act structure or hero’s journey. Instead, we get a glimpse into their lives as they grow a little older, maybe a little wiser, a little more themselves. It’s a fabulous novel, like most of what Becky Chambers writes. I say most because I can’t say for certain, not having read everything, but to be honest I'm sure all of it is as heartwarming and comf
orting and deep and light. This is the book to read when you forget that humanity can do better.
Le Bazaar K. by Clément Rouault

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funny fast-paced
  • Plot- or character-driven? Plot
  • Strong character development? N/A
  • Loveable characters? No
  • Diverse cast of characters? No
  • Flaws of characters a main focus? Yes
Le Bazaar K., c’est d’abord l’histoire d’un homme tout à fait médiocre puni par son père. Il est envoyé aux confins de la galaxie, armé d’un stock inépuisable de stylos quatre-couleurs, pour y écrire de la poésie spatiale. Il est censé revenir sur Terre ensuite, mais il découvre sur son chemin l’existence du Bazaar K. Et effectue par là la plus surprenante découverte de l’humanité.
Cette nouvelle incisive et humoristique est portée par le franc-parler de son narrateur-personnage assez potache. Si je ne suis pas particulièrement friande de ce type de protagoniste, je salue la variété qu’il introduit dans la collection Chronopages des Editions 1115.

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Strange the Dreamer by Laini Taylor

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adventurous challenging dark emotional mysterious fast-paced
  • Plot- or character-driven? A mix
  • Strong character development? Yes
  • Loveable characters? Yes
  • Diverse cast of characters? Yes
  • Flaws of characters a main focus? Yes
Laini Taylor’s Strange the Dreamer is a whimsical, creative and dark fantasy all at the same time. Dark in that it deals with really dark themes (see CW). Whimsical and creative in that the setting is surprising and magic takes many different forms.
We follow Lazlo Strange, an orphan raised in a library and destined to spend his life between books, attending to the needs of scholars without ever being recognised as one. Lazlo is slowly but surely gathering every morsel of information he can find about the city of Weep, whose true name escaped his tongue and his memory the first time he came across it. The secret behind this type of magic haunts him and he is desperate to learn more about it, when a unique opportunity arises and a delegation from Weep arrives in town.
Sarai is a godspawn, born from unspeakable pain and destined to live her life hidden from the rest of the world with her brothers and sisters, so close to the fabled city of Weep but so far away. Trapped in her citadel, she can only visit Weep through the moths that carry her power and make her infiltrate people’s dreams, invisible, unknown. Until the day a boy sees her.
I can see this book being so loved by its readers, and potentially breaking their heart. It’s filled with longing and rage, with love and betrayal, with shame and secrets. Unfortunately we got off on the wrong foot, since it ticked a few boxes that make me roll my eyes. That’s not against the author of the book, it’s a very personal taste. Then, I felt a little bit like when reading an Erin Morgenstern book, in that it was very imaginative and visual and since I have no visual imagination I had trouble getting a grasp on the universe. I could never feel the atmosphere of this book, and so I was having trouble with reading. I actually switched to the French translation halfway through (thank you libraries !) and that helped me finish it. I could have just abandoned, but it wasn’t a bad book so I felt frustrated at the thought of not getting through a novel that had been on my wishlist for so long.
I’d recommend this book if you enjoy The Night Circus and The Starless Sea (which I do want to reread) and if you’re ready to have your heart crushed, in part with the romance. Even though I didn’t feel like that, I could see the potential.

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La Séquence Aardtman by Saul Pandelakis

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emotional hopeful reflective slow-paced
  • Plot- or character-driven? Character
  • Strong character development? Yes
  • Loveable characters? Yes
  • Diverse cast of characters? Yes
  • Flaws of characters a main focus? Yes

4.75

Roz, en 2111, est ingénieur sur un vaisseau parti explorer l’univers à la recherche de planètes à terraformer. L’équipage est constitué essentiellement d’humains, mais aussi d’un bot, et est chapeauté par une IA, Alexandre. Asha, en 2131, est une bot particulièrement intéressée par l’individualité des bots et leur expérience, notamment le rapport à leur corps. Ces deux personnages naviguent dans un monde loin d’être utopique, mais dans lequel ils s’efforcent de considérer l’autre avec le respect qu’iel mérite. Dans les vingt ans qui les ont séparés, la société a continué de se scléroser, sans que la présence des bots y soit pour grand chose. Les humains n’ont besoin de personne pour perpétuer des systèmes d’oppression. Roz et Asha, chacun.e dans son époque, invite à réfléchir à ce que c’est que d’être vivant et d’avoir un corps.
Le roman de Saul Pandelakis m’intriguait tout autant qu’il m’intimidait. Avec ses 600 pages de SF bien tassées et sa portée philosophique, je craignais de m’attaquer à un texte trop exigeant pour moi. C’est en fait tout le contraire qui s’est révélé, car l’auteur revient toujours à l’expérience du corps qui est parfaitement universelle, quel que soit ce corps. Ce roman en est à la fois une célébration et une expérience de sa diversité. Ce sont de multiples corps qui sont mis en scène à travers les pages : des corps humains, bots, valides, handicapés, gros, noirs, cis, trans, etc. On suit principalement les points de vue de Roz et d’Asha, mais ceux-ci sont entrecoupés d’interludes où l’on suit des personnages annexes dont le parcours est d’une importance qui se laisse deviner parfois immédiatement, parfois plus tard, mais qui crée toujours ce sentiment si plaisant de “ah, ça vient de là / ceci est lié à cela de telle manière”.
La Séquence Aardtman incarne ce que j’aime le plus dans la SF : celle qui interroge l’expérience humaine. Oui, il est question de technologie et en particulier de lignes de code, mais il s’agit surtout d’explorer comment la technologie influe sur notre expérience du monde et nos relations interpersonnelles.
Rep : personnages principaux trans, PS asexuel, PS en fauteuil.
 

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Two Truths and a Lie by Sarah Pinsker

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dark mysterious fast-paced
  • Plot- or character-driven? Character
  • Strong character development? No
  • Loveable characters? N/A
  • Diverse cast of characters? No
  • Flaws of characters a main focus? Yes
Stella is helping a childhood friend empty his deceased brother’s home when she asks a fairly innocent question. Does he remember the TV programme they took part in as kids? Marco does. Except Stella has just made this memory up.
In this short story that had been on my e-reader probably since 2020 and was long due a read, Sarah Pinsker does a great job at setting up an unsettling atmosphere. I won’t go into the details of the plot because it’s so short, but if you enjoy not knowing exactly where you stand, and being puzzled, this is a great one. There is quite a lot of imagery that could be discussed and the ending is very open to interpretation, which I personally enjoy !

 
Rouille by Floriane Soulas

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adventurous challenging dark tense fast-paced
  • Plot- or character-driven? Plot
  • Strong character development? Yes
  • Loveable characters? Yes
  • Diverse cast of characters? No
  • Flaws of characters a main focus? Yes
1897, Paris. It’s been three years since Violante arrived here. What her life was before that, she has no memories. To survive, she became a sex worker and climbed the steps of the strange social ladder at work in her brothel. She became Duchesse, a renowned woman sought by the powerful. Life is hard enough as it is, but with a new drug appearing in town and mysterious disappearances, Violante’s quest for her memories starts to bear strange ramifications with the turmoils of this steampunk Paris.
Don’t expect anything soft and cosy with Floriane Soulas. Her worlds are harsh and cruel, and the characters do whatever they have to do to survive, including questionable choices and morally grey decisions. The prose doesn’t hide any of the horrors happening to the characters whether on a social or physical level. It makes for a gripping story that is quite hard to let go of, even though it’s not one I’ll consider as a comfort read.
Given the main character’s job, sexual violence is rampant in this book. However, I appreciated that it was in the background, not extensively discussed, and never fantasised. It was part of a bigger discussion on violence towards bodies, that the author explores extensively in her latest novel, Tonnerre après les ruines. I find it fascinating to read different books by one author and see the themes and language evolve through a body of work. Having read Soulas’s first and latest novels, I can safely recommend her novels with the warning that they are physically violent. Yet, violence is never gratuitous, and I appreciate that, especially in Tonnerre, Soulas claims violence as a tool for women too, however awful a tool it is. Novels are supposed to make us have a good time, yes, but they are also supposed to make us think.
 

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Plaisirs gustatifs by Anne-Laure Guillaumat, Karine Rennberg, Naël Legrand, LOUISE DEJOUR-CHOBODICKÁ, Camille Martinez, Sully Holt, C. M. Deiana, Merida Reinhart, Auriane Velten

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dark emotional funny hopeful lighthearted reflective fast-paced
  • Plot- or character-driven? Character
  • Strong character development? Yes
  • Loveable characters? Yes
  • Diverse cast of characters? Yes
  • Flaws of characters a main focus? Yes

4.75

Voilà un recueil dont j’aurais aimé faire partie. J’avais littéralement le projet d’envoyer une nouvelle car le thème “littérature et cuisine” parlait à mon cœur, et puis l’inspiration n’a pas frappé. Elle était visiblement occupée à visiter les auteurices de ce recueil grâce à qui j’ai passé un excellent moment. Il y a un peu de tous les genres ici : du contemporain, de la fantasy, de l’anticipation et du fantastique, et surtout beaucoup de cœur. Du fait de la ligne éditoriale d’Yby, chaque nouvelle baigne dans l’inclusivité, et chacune est illustrée par un.e artiste différent.e. Cela fait de ce livre un bel objet dehors comme dedans. Je ne connaissais que deux plumes de la liste, mais je suis ravie d’avoir fait connaissance avec d’autres noms que je surveillerai à l’avenir.
AC : chaque nouvelle est introduite par ses avertissements de contenu.