« Ne te souviens-tu pas, lui dit-elle alors, quand tu n'étais qu'ombre et fumée ?
Chéri, avait-il dit à sa manière douce et riche, j'étais la nuit elle-même.

Ceci est un 7 étoiles sur 5. 7 comme le nombre d'étoiles présent dans la constellation des joues d'Addie. 7 comme le nombre de fêlures sur mon cœur à la fin de cette œuvre.

Je ne veux pas, ne peux pas attendre d'avantage de laisser mes mots pour parler de cette lecture, par peur d'oublier. J'ai peur que comme avec les autres, Addie sorte de ma mémoire, emportant avec elle sa vie et ses histoires. Car j'ai sans doute bien trop de choses à dire, à exprimer pour pouvoir ne montrer qu'une facette de pourquoi ce livre est un des meilleurs livres que je n'ai jamais lus. Exposer pourquoi j'ai actuellement du mal à penser à quels sont les livres que j'ai aimé tout autant.

Une jeune fille court pour sauver sa vie. Elle rêve depuis toujours, prie les anciens dieux, ceux qu'il ne faut appeler à la tombée de la nuit, vit dans l'espoir de liberté. On veut lui donner un autre nom, des enfants et un mari. On la revêt d'une robe blanche et alors elle s'enfuit. Quand la nuit tombe par delà le crépuscule, il est déjà trop tard. En échange de sa liberté, la jeune femme a scellé son pacte avec les ténèbres personnifiés. Condamnée à être oubliée, et ce pour l'éternité.

Ce livre est un chef-d'œuvre. Une merveille. Addie voyage à travers les époques, découvre, apprend. Même si tout le monde l'oublie, pour elle aucun souvenir ne s'efface jamais. Les époques s'entremêlent, magnifiquement, Addie est oubliée mais laisse pourtant des marques ça et là, elle cherche à laisser ses marques plus exactement. Elle est un souvenir flou et fascinant, elle nous emporte et on se laisse emporter volontairement.

La plume de VE Schwab est sublime. Envoutante. Extraordinaire. Ce livre parle de choses qui me terrifie. Car j'ai peur d'oublier. D'être oubliée aussi. L'amour fait peur, la vie fait peur, les choix font peur. Il parle de beaucoup de choses. Magnifiques. Ou terrifiantes. Les deux à la fois. Je pense que vous m'aviez perdu dès que j'ai ouvert le livre. Dès même que je l'ai même vu passé. J'ai été fascinée dès la première page. Le premier chapitre est l'un des meilleurs qu'il ne m'ai jamais été donné l'occasion de lire. J'étais absolument envoûtée. Oui, je savais que j'allais me perdre avant même d'ouvrir ce livre, tout comme je savais que j'allais adorer être perdu. Et désormais je sais que je ne reviendrais pas. Voiture être perdue avec Addie, Henry et Luc est la meilleure option qui pouvait m'arriver. Je suis perdue dans leur histoire aussi sûrement qu'Addie est perdue dans le temps.

J'ai aimé cette histoire avec toute mon âme aussi sûrement que ma seule envie actuelle est de m'y replonger en sanglotant. Aussi sûrement qu'au fur et à mesure que l'on s'approchait de la fin je sombrais. Les 700 pages restantes sont transformées en 300 puis en 50 afin de ne que les remerciements devant laisser sur la sanglote car c'est la seule qu'il nous reste à faire. Car après des années d'errance, Addie trouve au début de ce livre une personne qui se souvient d'elle. Trois mots et elle revit. Elle est perturbée encore davantage mais l'on revit en même temps qu'elle. Et alors on sombre encore un peu, en s'enfonçant dans les ténèbres et dans ses souvenirs. Et chaque chapitre nous fait encore plus sombrer.

Je sais que ce livre est de ceux que je pourrais rouvrir à tout moment, pour le relire entièrement ou bien juste quelque passage et replonger aussi vite que mon regard se sera posé sur les premiers mots. Je pourrais le relire en boucle, jusqu'à oublier chaque détail de ma vie pour mieux me souvenir de ceux de la sienne. Je n'étais pas prête à lire ce livre, pas préparé à découvrir cette œuvre d'art. Je ne le suis sans doute pas plus pour la redécouvrir mais au moins je sais désormais que ce livre était de ceux que j'attendais. De ceux dont j'avais besoin. Alors merci madame Schwab de posséder pareille plume, merci d'écrire pareille merveille, merci d'écrire vos personnages tellement extraordinaires et de ne pas avoir de rendu hétéros, de nous donner de la représentation extraordinaire. Merci de nous faire sombrer.