A review by jenny_librarian
Les monologues du voile - Des Québécoises se racontent by Kenza Bennis

5.0

5 ⭐️

Avertissement: racisme, xénophobie/islamophobie

Je ne mettrai pas les numéros de page des citation, comme j'ai lu la version électronique est que j'ai changé le format pour faciliter ma lecture.

Je savais que ce livre allait me toucher, mais je savais pas à quel point.

Je suis une personne qui respecte la décision des femmes musulmanes de porter ou non le voile, et qui défend leur décision lorsque j'entends des commentaires islamophobes de ma famille ou mes collègues. Certains témoignages, comme celui d'une femme plus âgée qui est convaincue que la femme voilée signifie le retour d'une religion oppressante, ou celui d'une mère qui tente de se convaincre qu'elle n'est pas raciste quand la seule caractéristique qu'elle utilise pour définir les amis de sa fille est leur pays d'origine, m'ont fait rager. D'autres, de musulmanes qui utilisent le voile comme protection ("[Le voile] est aussi une protection pour les femmes. On risque moins de se faire aborder dans la rue.") ou qui l'ont délaissé par épuisement ("Quand tu porte le voile, les gens, ils te regardent pas, toi. C'est pas toi qu'ils jugent. Tu deviens comme un drapeau de l'islam. Tu représente l'islam au complet."), m'ont attristée.

C'est impossible de lire ce livre et ne pas être touché par les témoignages de ces femmes qui vivent toutes l'islam d'une façon différente. Il y a encore tellement de préjugés, de stéréotypes et d'incompréhension sur cette religion qui est pourtant l'une des plus pratiquées au monde. Et cette histoire de voile a été tellement politisée qu'on en oublie que le voile était d'abord un signe religieux chrétien: "[l]a connotation religieuse associée au voile voit le jour au début de l'époque romaine chez les chrétiens." Aujourd'hui, on l'utilise comme porte-étendard de la régression du féminisme et de l'inégalité hommes-femmes, quand ce n'est pas du tout ce qu'il représente ("la réalité est à l'inverse des stéréotypes de femmes voilées opprimées et soumises. La grande majorité des femmes qui portent le voile le choisissent.")

Au final, on a encore beaucoup de travail à faire. Pas parce que les femmes voilées sont synonyme d'oppression misogyne, mais parce qu'elles sont trop souvent victimes de xénophobie de la part d'Occidentaux qui veulent tellement se convaincre qu'ils sont mieux que les autres qu'ils en deviennent violents. Que quelqu'un m'explique comment les gestes suivants, rapportés par les femmes musulmanes qui portent le voile, nous aident à avancer et à devenir une société plus juste et égalitaire: "Les femmes [voilées] rapportent plusieurs sortes de manifestations hostiles: regards agressifs ou méprisants, insultes [...], crachats, bousculadees, agressions physiques (tentatives d'arracher le foulard), commentaires xénophobes". Parce que je ne la voie pas cette égalité.

Ce livre devrait être lu dans les écoles. Il devrait être enseigné et expliqué, pour que les prochaines générations arrêtent d'agir comme leurs parents, avec une phobie de la religion qu'ils utilisent comme bouclier contre l'inconnu. Les musulmans ne sont pas tous des terroristes, et les femmes qui portent le voile ne sont pas toutes opprimées. Au contraire, il faudrait plutôt se pencher sur le vrai problème qui plague les femmes au Québec: la violence conjugale. Vous voulez vous consterner de la misogynie et de l'oppression des femmes en société? Regardez les statistiques de violence conjugale chez nous. On est loin d'être parfaits, et on devrait peut-être régler nos propres problèmes avant d'en créer d'autres avec des gens qui ne cherchent qu'à vivre leur religion et leur culture en arborant une pièce de vêtement tout à fait banale.