32 ans après la Servante Écarlate, Margaret Atwood revient pour nous offrir une conclusion à ce phénomène mondial !

La série adaptée sur Hulu « Handmaid’s Tale » a offert une seconde jeunesse au roman d’Atwood. D’un livre déjà best seller, nous sommes passés à un succès massif, qui a fait trembler les plus conservateurs par l’intemporalité des combats féministes. A l’image de V pour Vendetta, la figure de la Servante Écarlate a popularisé la figure de la Servante dans les manifestations féministes anti avortements, pro droits des femmes, notamment aux États-Unis de l’ère Trump.

C’était donc un pari audacieux que d’offrir une suite à ce roman. Si j’ai beaucoup vu dans les critiques Anglo saxons que ce n’était pas un tome nécessaire, que c’était de la mauvaise fanfiction, je me dois de totalement corriger ces propos qui me semblent être fortement exagérés.

Margaret Atwood n’a jamais eu aucun mal à vendre ses livres. Chaque nouveauté est classée immédiatement NY Best Seller et elle est traduite dans plusieurs pays dans le monde. Pourquoi donc faire cette fin maintenant ? Pour l’argent ? Margaret n’en a pas besoin. Pour vendre la série ? Primée chaque année aux Emmys et aux Golden Globes, elle n’en a pas besoin non plus.

« The Testaments » ne ressemble pas a la Servante Écarlate ou tout du mieux par son fond car la forme - un récit sous forme de témoignage - reste similaire.

Maintenant parlons du fond.
Je ne vais certainement pas spoiler outre mesure pour tous les futur.es lecteurices car l’une des forces du livre sont la richesse des surprises et des révélations. L’histoire se déroule 15 ans après la Servante Écarlate. Nous suivons le destin de 3 femmes totalement différentes par leur origine, leur âge et leurs objectifs. Si les chapitres des plus jeunes, je suis d’accord, ne reflètent peut être pas tout le génie de Atwood, les chapitres du journal intime de Tante Lydia, la grande et diabolique Tante transcendée à l’écran par l’immense Ann Dowd, sont EXCEPTIONNELS.

Si on peut reprocher au premier tome d’être très évasif sur le world building de Gilead (Galaad en français), cette suite nous offre tout une contextualisation geo-politique de ce pays totalitaire. Et c’est HYPER satisfaisant pour les fans de Dystopie comme moi qui adore se triturer les méninges sur les questions politiques et sociales de ce genre.

J’ai ressenti le point final du roman comme étant un appel à la jeunesse féminine qui ne doit jamais baisser les bras, qu’elle représente l’avenir des combats amorcés par des femmes plus vieilles qui décident de tirer leur révérence pour laisser l’avenir aux voix de demain. Et j’ai adoré ça. Y’a beaucoup de noirceur dans ce livre, mais la détermination et la force de toutes les femmes du récit me font penser que si même si le pire arrive, le combat ne se terminera jamais, il deviendra juste plus féroce.

Si vous n’avez pas lu le premier tome, vous pouvez lire sans soucis les Testaments à la seule condition d’avoir vu au moins les 2 premières saisons de la série. Et pour ça on peut féliciter Margaret Atwood qui ne dénigre pas la multiplicité des supports et la façon plurielle de consommer la culture. La lecture n’est pas supérieure à la télévision et vice versa. Nourrissez vous autant que vous le pouvez de tout ce qu’on nous offre car on a la chance de vivre dans une époque avec un accès diversifié à la culture, surtout quand elle est engagée.

TW : viol, violence sur mineur, agression sexuelle sur mineur, suicide, sang, noyade.