A review by mariebrunelm
L'infortunée by Wesley Stace

hopeful informative reflective slow-paced
  • Plot- or character-driven? Character
  • Strong character development? Yes
  • Loveable characters? Yes
  • Diverse cast of characters? No
  • Flaws of characters a main focus? Yes
Geoffroy, lord de Love Hall est inconsolable depuis la disparition accidentelle de sa jeune sœur. Bien des années après le drame, il est l’héritier non marié de l’immense fortune de sa famille qui le presse à produire lui-même un héritier, ce pour quoi il ne ressent aucune motivation. Il semble que c’est le destin qui, juste avant son mariage, place sur sa route un bébé abandonné, que Geoffroy recueille et sur lequel il déverse tout l’amour qu’il porte à sa défunte sœur. Le bébé, forcément une fille dans l’esprit de Geoffroy, devient immédiatement la prunelle de ses yeux. Lorsque les membres de la maisonnée le découvrent, ils décident de ne pas révéler au père adoptif que son enfant est, selon eux, un garçon. Et c’est ainsi que la petite Rose grandit dans les couloirs sans fin de Love Hall.
La première fois que j’ai découvert ce livre, par hasard dans une librairie, j’ai tout de suite été attirée par sa couverture, puis par son pitch qui plaçait un personnage à l’identité de genre trouble dans un roman historique. J’ai fait quelques recherches sur l’auteur pour savoir s’il était lui-même concerné par les questions de genre, car je préfère privilégier les récits de première main, mais en vain. Et puis je suis retombée sur ce roman d’occasion, et j’ai décidé de le tenter. Les premières pages m’ont paru un peu longues car on est plongé dans le Londres de la fin du 18e siècle comme si on lisait un classique de l’époque victorienne. Ce qui est un des mérites du livre, mais pas forcément quelque chose qui m’attire, surtout sur 600 pages. Et puis on découvre Love Hall, les machinations de la maisonnée et l’enfance d’abord idyllique de Rose. Je me suis laissée entraîner dans cette histoire qui attisait franchement ma curiosité, car planait la question de la manière dont l’identité de genre de Rose allait se développer. Finalement, j’ai trouvé cet aspect de l’histoire particulièrement satisfaisant. Certes, je ne suis pas concernée par la question de la transidentité, donc il vaut mieux ne pas prendre mon avis pour argent comptant. Mais j’ai trouvé que l’auteur maniait le sujet avec sensibilité, et trouvait un équilibre très juste entre les mentalités de l’époque et la transgression amenée par le personnage. Rose passe évidemment par des épisodes de détresse et de dysphorie de genre intenses, mais le récit fait aussi place à ses succès et ses joies afin d’éviter tout misérabilisme. Sans divulguer l’évolution du récit, je dirais que ce roman n’est pas une tragédie mais se termine sur un élan d’optimisme.
Côté arrière-plan, j’ai apprécié la description historique faite de Londres et de sa campagne, et notamment de l’importance capitale de l’imprimerie et des chansons au sein de la société. L’auteur a clairement mené ses recherches, et inclut d’ailleurs une bibliographie à la fin de l’ouvrage (qui inclut un livre qui m’intrigue, “Autobiography of an Androgyne” de Ralph Werther, première autobiographie d’une personne transgenre publiée aux Etats-Unis en 1918!).
L’Infortunée n’est pas un roman parfait. Quelques détails m’ont fait grincer des dents (notamment une scène de s3xe importante pour le récit mais qui ne faisait aucun sens), mais je trouve que dans l’ensemble c’est un roman original et qui a l’immense bénéfice de rappeler que les personnes ne se conformant pas à la binarité de genre ont toujours existé.

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